Né
officiellement en 1871 avec la signature du Traité de Francfort, qui
met fin à la guerre franco-prussienne, le Territoire de Belfort devient
un département français à part entière en 1922.
Si des vestiges paléolithiques sont rares dans notre région,
le Néolithique est davantage présent, par exemple au Mont-Vaudois
proche d'Héricourt.
A partir du 3ème siècle, l'Empire doit faire face,
à nouveau, à la pression des Germains menaçants. La région de Belfort a
été un lieu de passage important.
La grande migration des peuples barbares s'achève à la fin du 5ème siècle . Burgondes et Alamans se partagent la Trouée.
Plusieurs
sites dans le département, Bourogne, Belfort, Delle, illustrent leur
présence, plus particulièrement celle des Burgondes et de nombreux
vestiges témoignent de leur maîtrise de la métallurgie.
La création politique du Territoire de Belfort
Le département est directement né de la guerre de 1870 durant laquelle Belfort devra subir un long siège de 3 mois.
En 1870
En 1870, Belfort, chef-lieu
d'arrondissement du département du Haut-Rhin, exerce déjà des fonctions
militaires, administratives et commerciales.
Avec ses 6257 habitants,
la cité n'est qu'une petite ville, enserrée dans les remparts de
Vauban, mais dont l'extension a débuté au-delà de la Savoureuse, vers
la gare nouvellement construite.
La guerre contre la Prusse bouleverse les destinées de la ville
L'armée française se trouve rapidement en difficulté. La capitulation de Napoléon III et de son armée à Sedan provoque la chute de l'Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Mais celle-ci ne peut changer le sort des armes.
En
septembre – octobre, l'Alsace est investie par les troupes prussiennes.
Belfort se retrouve en première ligne. Nommé commandant supérieur de la
Place le 19 octobre par Gambetta, Denfert-Rochereau accélère les travaux autour de la Place forte.
La ville va subir un long siège
du 2 novembre 1870 au 13 février 1871. Les habitants ne se laissent pas
décourager ; ni les bombardements ni les menaces ennemies ne viendront
à bout du moral des assiégés.
Les Prussiens pénètrent dans la ville
Une convention d'Armistice entre le gouvernement de défense nationale et Bismarck est signée alors que la ville résiste toujours.
Le
13 février, le gouvernement français ordonne au commandant de la place
de livrer celle-ci aux Allemands. Au moment où se termine l'évacuation
des troupes françaises, les prussiens pénètrent dans la ville, les
fenêtres sont closes et les rues désertées par la population.
Le Traité de Francfort,
signé le 10 mai 1871, consacre d'une part la défaite de la France –
perte de l'Alsace et du nord de la Lorraine, indemnité de 5 milliards
de francs à verser – et d'autre part, est à l'origine de l'essor de la
cité et de son territoire.
Belfort échappe à l'annexion
Belfort échappe à l'annexion grâce à sa
résistance et à l'habileté de Thiers et des négociateurs français qui,
après de nombreuses rencontres, obtiennent des Allemands qu'ils cèdent
à la France une zone plus vaste que l'enclave primitivement accordée.
Cette zone recouvre 105 communes.
La frontière avec l'Alsace allemande suivra la ligne de partage des
eaux et correspondra à peu près à la frontière linguistique.
Proche
des frontières suisse et allemande, la ville de Belfort sera un
carrefour important et le territoire qui l'entoure embryon d'un futur
département né de circonstances uniques.
Depuis 1872
Ce n'est qu'en 1922 que le Territoire de Belfort obtiendra le statut définitif de département à part entière.
Le Territoire de Belfort conserve le nom de Haut-Rhin
Si, à l'issue de la guerre de 1870, Belfort et les communes
correspondant à l'ancien arrondissement du Haut-Rhin restent à la
France, la question du devenir de ce territoire se
pose rapidement. Rien ne doit laisser penser que l'on s'accommode de la
défaite ; l'Alsace et la Lorraine seront reconquises.
Aussi, le Territoire garde-t-il le nom de Haut-Rhin jusqu'à la Première Guerre mondiale. On ne crée officiellement ni département ni administration.
Le plus haut responsable administratif s'appelle «
l'Administrateur faisant fonction de Préfet » et c'est une commission
qui exerce les attributions du Conseil général.
Une ville en pleine croissance
Cependant, la ville s'étend rapidement. La population
belfortaine, comme celle du territoire, augmente vite et les besoins
administratifs se font sentir. Aussi, une préfecture est-elle édifiée
au début du XXe siècle (1901-1902) ainsi qu'un palais de justice.
D'autres constructions, tant commerciales, militaires qu'industrielles,
s'élèvent de part et d'autre de la Savoureuse.
Belfort devient rapidement le symbole du patriotisme.
De nombreux monuments, dont le plus célèbre est le Lion,
sont édifiés. Ils rappellent la défense héroïque de la Place et le
maintien à la France d'un petit morceau d'Alsace.
Belfort, symbole patriotique
Avant 1914, lors de chaque fête nationale, de nombreux manifestants convergent vers la cité du Lion.
Parmi eux, des Alsaciens nostalgiques sont accueillis avec
ferveur. Ils rappellent les provinces perdues et entretiennent un
sentiment patriotique de plus en plus fort lors des grands défilés
militaires.
11 mars 1922, le Territoire de Belfort est créé
La victoire de 1918 et le retour à la France des terres
alsaciennes et lorraines auraient dus permettre de rattacher le
Territoire de Belfort au Haut-Rhin. Il n'en a rien été.
Pour diverses raisons, politiques mais surtout économiques, le gouvernement crée, le 11 mars 1922, un nouveau département : le Territoire de Belfort.
A plusieurs reprises, dès 1918-1919 mais aussi en 1945, un
nouveau découpage territorial a été envisagé afin de repousser les
limites de cette petite entité vers l'ouest et le sud. Aucune de ces
tentatives n'a abouti. Le Territoire de Belfort est resté ce
département (le seul en France) né de circonstances historiques
exceptionnelles et porteur d'une forte charge patriotique
L'autorité d'un fonctionnaire de l'Etat
Comme dans tout département, l'administration départementale
du territoire est placée sous l'autorité d'un fonctionnaire de l'Etat :
le Préfet ; le conseil général n'ayant alors qu'un rôle de proposition.
L'installation des administrations de l'Etat dans le
département ne se fait que progressivement et partiellement. Ainsi,
dans le domaine de la justice, le Territoire de Belfort ne possède
toujours pas de Cour d'assises.
De 1871 à 1982, le nombre de cantons est passé de 5 à 15.
Le Lion de Belfort : inauguré en août 1880
Le projet d'ériger un monument à la gloire des défenseurs de Belfort lors du siège de 1870-1871 remonte à 1872.
Le sculpteur colmarien Auguste Bartholdi,
qui a été choisi, expose sa conception d'un tel monument commémoratif
au maire Edouard Mény dès mars 1872. Son projet, le premier d'une
série de 3 ou 4, est défini en août : ce sera un lion de 4 mètres de haut, en pierre blanche pour trancher sur la couleur foncée de la roche du château où il doit être placé.
Le crédit nécessaire à cette réalisation est voté par le
conseil municipal en mai 1873, mais un deuxième projet voit le
jour en octobre de la même année. Le monument aura, cette fois, une longueur de 15 mètres sur 7 mètres de haut. Il est toujours prévu, pour l'instant du moins, en pierre blanche. Le coût étant évalué à 50.000 francs, la ville ouvre une souscription nationale.
A la clôture de cette souscription, en mai 1874, plus
de mille lettres ont été adressées, totalisant 92.000 francs
de promesses de dons, de 25 centimes à 3000 francs.
Tout le pays s'est ému. Eriger un tel Lion, symbole de la
vaillante résistance locale à l'envahisseur et de l'honneur sauvé, est
une affaire nationale. Avant même d'être construit, le Lion est déjà entré dans la légende.
Les Belfortains se sont emballés pour l'élévation du monument. Mais la construction, entamée au printemps 1876, traîne. La dernière pierre ne sera posée qu'en septembre 1879.
On sent poindre un certain désenchantement, voire une
régression du sentiment d'unanimité de départ. La déception vient-elle
en partie du grès rose des carrières de la région (Pérouse) qui remplace le calcaire blanc du projet initial ?
D'autre part, un malentendu entre la ville et le sculpteur
Bartholdi est à l'origine du "ratage" de la vraie naissance du Lion. La
ville de Belfort refuse toute inauguration officielle et l'artiste, qui
veut célébrer son oeuvre, doit illuminer le monument à ses frais (28 août 1880).
Un long procès suivra, étalé sur plusieurs années, ainsi
qu'un grand ressentiment de l'artiste, à qui la ville a pourtant confié
en 1878 la réalisation d'un autre monument commémoratif, le monument des Trois Sièges.